Cher lecteur, chère lectrice,
Vous avez probablement remarqué à quel point ils ont envahi notre
espace. Les compléments alimentaires sont partout !
On les voit sur les rayonnages des pharmacies, parapharmacies et boutiques de produits
diététiques, mais aussi sur ceux des supermarchés et des hypermarchés. Le
chiffre d’affaires global du secteur en 2020 approche le milliard d’euros, ce qui
représente un sacré nombre de boîtes !
Une étude réalisée en 2021 par l’institut Harris interactive pour le syndicat
national des compléments alimentaires (Synadiet) a montré qu’un Français sur
deux est consommateur de ces produits. Mais cette pratique est généralement
récente, puisque pour plus d’un tiers des personnes interrogées, le premier
achat date de moins d’un an.
Du coup, chacun est en droit de se poser quelques questions : est-ce
justifié ? Les compléments alimentaires ont-ils une efficacité réelle ? N’est-ce
pas seulement un phénomène de mode comme on en déjà connu beaucoup
dans le domaine de la santé et du bien-être ? S’agit-il d’une « nouvelle bonne
habitude » ou d’un fantasme partagé ?
Il est temps de faire un point sur le sujet. Car il ne suffit pas de prendre
des compléments pour qu’ils résolvent tous vos problèmes ! Encore faut-il bien
comprendre leur mode d’action afin de les consommer dans les meilleures
conditions, avec un effet optimal.
Sommaire
Qu’est-ce que les compléments alimentaires ?
Comme leur nom l’indique, ils complètent les apports alimentaires.
Première remarque : « notre alimentation a davantage changé en
50 ans qu’au cours des 50 siècles précédents », comme l’explique le Dr Rougier
(voir plus loin son interview). Ce n’est pas un scoop : la teneur nutritionnelle
des aliments que nous consommons aujourd’hui a diminué progressivement
au fil des décennies. Les raisons sont nombreuses. D’abord, l’agriculture et
l’élevage intensifs ont « lavé » les sols de nombreuses substances
indispensables à la croissance des végétaux qui y poussent. Tout
naturellement, les animaux qui se nourrissent sur ces sols appauvris produisent
une viande moins riche en micro-nutriments.
Parallèlement, l’industrie agro-alimentaire a transformé notre
nourriture, soit en la raffinant à l’extrême, soit en y ajoutant des substances
de type colorant, conservateur, agent de texture, agent de sapidité… Et parfois
même les deux. Résultat : nous absorbons de moins en moins de fibres, de
vitamines, de minéraux, d’acides gras essentiels, d’enzymes… Et dans le même
temps, nous absorbons de plus en plus de polluants et d’additifs.
Enfin, ajoutons à cela que notre mode de vie a, lui aussi, changé. Dans les
années 1950, la dépense énergétique quotidienne moyenne était beaucoup
plus élevée qu’aujourd’hui. Nos aïeux passaient beaucoup plus de temps à
marcher, bouger, s’agiter… Les trajets se faisaient le plus souvent à pied ou à
vélo alors qu’aujourd’hui, nous nous déplaçons assis dans une voiture ou un
bus. Les activités manuelles étaient plus répandues. Pour ne citer que
quelques exemples.
L’équation se pose donc de manière simple : des aliments moins denses
sur le plan nutritionnel, davantage de substances indésirables que notre
organisme doit éliminer, et une activité physique moins importante, ce qui
implique des quantités alimentaires moindres. On comprend aisément qu’il
faille, pour rétablir nos équilibres internes, le petit coup de pouce des
compléments alimentaires !
Qu’y a-t-il dans les compléments alimentaires ?
On pourrait répondre le plus simplement du monde : il y a dans les
compléments alimentaires tout ce qu’on trouve habituellement dans les
aliments. La formule serait un peu lapidaire, mais pas éloignée de la réalité. On
y trouve des vitamines, des minéraux, des oligo-éléments, des enzymes, des
fibres, des acides gras essentiels, des acides aminés, des fibres… Parfois, dans
les formules complètes, on y associe aussi des substances naturelles (notamment des plantes ou des algues…) capables d’agir en synergie avec les
nutriments.
Entendons-nous bien : tout cela n’est pas présent dans tous les
compléments alimentaires ! D’abord, il faut bien faire la différence entre les
produits « uniques » et les composés. Vous pouvez, par exemple, prendre du
magnésium seul lorsque votre corps en réclame. Cependant, les compléments
les plus couramment consommés aujourd’hui sont les produits composés, dans
lesquels on trouve plusieurs micronutriments ayant des fonctions proches.
Un exemple : dans les produits destinés à améliorer le sommeil, on trouve
très souvent du magnésium et des vitamines du groupe B pour apaiser le
système nerveux, mais aussi de la mélatonine (une neurohormone qui favorise
l’endormissement) et des plantes comme la passiflore, la marjolaine ou la
valériane dont les vertus hypnotiques sont bien connues. Ainsi, dans une
formule complète, c’est la synergie des ingrédients qui signe l’efficacité du
produit.
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Comment agissent les compléments alimentaires ?
Poser cette question revient à demander à quoi sert le fait de manger. Si
nous prenons trois repas par jour, c’est pour apporter à notre corps de quoi
fabriquer l’énergie dont il a besoin, mais aussi de quoi mener à bien un nombre
impressionnant de fonctions.
À chaque minute, dans les profondeurs de notre organisme, des milliers
d’opérations biochimiques se déroulent : nos hormones sont sécrétées, nos
vieilles cellules sont éliminées, les informations sont charriées par notre
système nerveux, les aliments sont digérés et assimilés… Tout cela produit une
sorte de concert philarmonique, donné simultanément par des milliers de
musiciens. Imaginez-vous à quel point un évènement de ce type doit être
finement organisé ? Dans notre corps, cette « organisation » repose en partie
sur la présence des micronutriments.
Selon les cas, ceux-ci jouent un rôle de structure (comme le calcium dans
les os ou les Omega 3 dans les parois cellulaires), ou ils fonctionnent à la
manière d’un enzyme. Comprenez : ils permettent la réalisation des réactions
biochimiques qui nous permettent de rester en vie. Ces deux niveaux d’action
s’influencent et se complètent.
Comment choisir ses compléments alimentaires ?
Reste à savoir comment choisir les « bons » compléments alimentaires,
parmi la profusion qui bouillonne sous nos yeux à coups de publicités et de
promotions. Il existe pour cela quelques critères : la qualité, la biodisponibilité,
l’origine…
- La qualité :
Comme pour tout produit destiné à être avalé, une
bonne qualité des ingrédients et de la formule est primordiale. Nous
avons la chance de vivre dans un pays où la législation qui encadre
la fabrication et la commercialisation de ce type de produits est
rigoureuse. D’autres pays proposent également un encadrement
sérieux : Suisse, Belgique, Allemagne… Le premier conseil sera donc
de privilégier les produits français ou européens.
- L’origine :
Il peut être tentant d’aller chercher sur internet des
produits différents ou moins chers, de provenance lointaine. Ce
serait une erreur. Les Etats-Unis disposent d’une législation stricte,
mais leur approche est souvent différente de la nôtre en ce qui
concerne les dosages, généralement beaucoup plus élevés qu’en
Europe. Les produits américains ne sont pas à fuir, mais il convient
de faire attention à un éventuel excès. En revanche, il faut vraiment
éviter les produits en provenance des pays d’Asie (Chine et Inde
principalement). Les cultures indienne et chinoise ont donné
naissance à deux systèmes médicaux extrêmement intéressants,
cohérents, efficaces, mais très différents de ce que propose la
médecine occidentale. Il est difficile de « coller » notre système sur
le leur. En outre, la législation sur les produits de santé est très
souple dans ces pays, ce qui ne garantit en aucun cas leur qualité.
- La biodisponibilité :
Il ne servirait pas à grand-chose d’avaler des
micro-nutriments si nos cellules n’étaient pas capables de s’en saisir
et de les utiliser. C’est cela, la biodisponibilité d’un produit.
Ainsi, du citrate ou du bisglycinate de magnésium sera mieux
assimilé par les cellules que du chlorure de magnésium. Autre
exemple : de la vitamine C d’origine naturelle extraite de l’acérola
sera mieux assimilée que de la vitamine C d’origine chimique.
Dans les produits composés, c’est différent. Car au-delà de la
biodisponibilité de chaque composant, il faut que la formule soit
adaptée et que les différents ingrédients puissent agir ensemble, en
synergie.
Pour assurer cette synergie, les produits de bonne qualité ajoutent
à leur formule des cofacteurs d’assimilation. Entendez : des
substances qui ne sont pas directement actives sur la cible visée,
mais qui aident l’organisme à utiliser les nutriments. C’est le cas par
exemple de la taurine, un acide aminé qui favorise la bonne
assimilation de l’association magnésium/vitamine B6.
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Comment « bien » prendre ses compléments
alimentaires ?
Vous avez compris, vous avez choisi, il ne vous reste plus qu’à organiser
vos cures de compléments alimentaires. Là encore, quelques règles simples
s’imposent.
- En dehors de toute pathologie :
S’il s’agit simplement d’entretenir
votre santé et d’utiliser les compléments alimentaires en
prévention, il vous suffit de faire une cure de compléments
alimentaires quatre fois par an (à chaque changement de saison),
pendant trois semaines.
Vous choisirez des formules adaptées au déroulement de l’année.
Par exemple, vous pouvez prendre un complément à visée
immunitaire en automne pour vous préparer à affronter l’hiver.
Pendant la mauvaise saison, vous pourrez opter pour un produit qui
recharge les batteries, avec de la vitamine C et de la spiruline. Au
printemps, pourquoi ne pas choisir un complément détox, qui
aidera votre organisme à éliminer l’excès de toxines accumulées
pendant l’hiver ? Enfin, au début de l’été, vous pourrez faire une
cure de probiotiques, afin de préparer votre système digestif à
s’adapter au régime « cru » de la belle saison. À moins que vous
préfériez opter pour un complément alimentaire qui préparera
votre peau à l’agression solaire de l’été.
Ce ne sont que des exemples, bien sûr. C’est à vous d’adapter vos
choix à vos besoins du moment, à vos préoccupations de la saison,
et surtout aux messages que vous envoie votre organisme.
- En cas de trouble chronique :
Les compléments alimentaires sont
alors sensés agir conjointement avec le traitement (voir ci-dessous
l’interview du Dr Rougier). Si vous souffrez d’arthrose, par exemple,
vous pourrez prendre un complément alimentaire associant des
substances anti-inflammatoires et d’autres favorisant la
régénération du cartilage. Si c’est au niveau intestinal que se
manifeste votre malaise, une association de pré et probiotiques
pourra vous aider. Si c’est l’anxiété qui vous ronge, vous vous
tournerez vers un complément alimentaire qui soutient le système
nerveux.
- En cas de trouble aigu :
Là, nous sortons du domaine d’action des
compléments alimentaires, bien qu’il demeure quelques situations
où ils ont encore leur place. En cas de maladie infectieuse, par
exemple, il est toujours utile de stimuler le système immunitaire
pour l’aider à se défendre.
- À quelle heure ?
Dans tous les cas, il vaut mieux prendre les
compléments alimentaires au milieu du repas. Cela se comprend
aisément : puisque ces produits sont destinés à « enrichir » les
apports alimentaires, c’est en se mélangeant au bol alimentaire
qu’ils exécuteront le mieux cette tâche.
Il y a quelques exceptions à cela. Lorsque le produit contient des
plantes médicinales, mieux vaut se conformer aux conseils du
fabricant car certains végétaux doivent être pris avant, après ou
entre les repas pour être actives. Si le produit renferme des acides
aminés, il vaudra mieux le prendre une demi-heure avant le repas.
Vous l’avez compris : les compléments alimentaires sont des alliés
indispensables pour qui veut cheminer sur la route qui mène à la pleine santé.
Une route que vous pourrez parcourir en compagnie d’autres amis, qui se
nomment alimentation quotidienne, respiration, relaxation, exercice physique,
détox, gestion des émotions… Ensemble, il y a fort à parier que vous irez loin !
La conférence sur les compléments alimentaires avec le Dr Yann Rougier 👇
Trois questions au Dr Yann Rougier
« Les compléments alimentaires constituent une
indispensable réponse d’époque ! »
Êtes-vous d’accord avec ceux qui affirment que la prise de compléments
alimentaires est indispensable si l’on veut rester en bonne santé ?
Dr Y. Rougier : Je suis d’accord, même si le sujet mérite quelques précisions.
La prise de compléments alimentaires constitue une réponse d’époque à une
problématique d’époque : l’appauvrissement progressif de notre alimentation
depuis les années 1950. Aujourd’hui, même une alimentation saine, fraîche et
équilibrée ne suffit pas forcément à couvrir tous les apports nécessaires. Notre
mode de vie n’arrange rien au problème, avec l’excès de stress, la pollution, la
sédentarité… Lorsqu’on désire prendre sa santé en main (et qui d’autre que
vous pourrait le faire à votre place ?), la prise de compléments alimentaires est
inévitable. Mais il ne faut pas leur demander plus qu’ils ne peuvent apporter. Il
n’y a aucune magie là-dedans !
Vous voulez dire que la prise de compléments alimentaires est un
élément indispensable mais pas suffisant pour rester en bonne santé ?
Quelque chose comme ça… Pour que les compléments alimentaires
donnent la pleine mesure de leur efficacité, il faut qu’ils soient bien ciblés et
bien assimilés (voir plus haut). Il faut aussi qu’ils soient intégrés dans une vie
quotidienne globalement saine : une alimentation équilibrée, je l’ai déjà dit,
mais aussi des pratiques respiratoires, des habitudes antistress, de l’activité
physique… C’est dans ce cadre que les compléments alimentaires jouent à plein
leur rôle. Ces produits n’ont rien d’un chèque en blanc qu’on vous donnerait
pour vous autoriser à vivre n’importe comment ! Au contraire. Ils constituent
une invitation à « vivre mieux », au plus près de vos besoins réels, afin
d’approcher de la pleine santé.
En attendant, nous sommes tous, ou presque, en état de subcarence :
magnésium, sélénium, Omega 3, vitamine D… Cela signifie que nous ne sommes pas carencés au point de présenter, par exemple, des signes de scorbut à cause
d’un manque de vitamine C. Mais cette subcarence est suffisante pour que
notre corps en pâtisse globalement. C’est à ce niveau qu’agissent les
compléments alimentaires afin de rétablir les équilibres rompus.
Peut-on prendre des compléments alimentaires même lorsqu’on est en
bonne santé ?
Bien sûr ! Ces produits agissent à deux niveaux. Lorsqu’on est en bonne
santé, la prise régulière de compléments alimentaires permet d’entretenir un
niveau d’apports optimal, ce qui offre à l’organisme tout entier de bonnes
conditions de fonctionnement. Jusque-là, nous sommes dans la prévention.
Mais ces produits ont aussi une dimension directement thérapeutique,
notamment chez les personnes qui souffrent de troubles chroniques. En
association avec les traitements médicaux, ils aident à optimiser leurs effets
thérapeutiques. On entend parfois dire, comme une boutade, « qu’un
médicament soigne mieux un corps en bonne santé ». Ainsi posée, la phrase
ressemble à une lapalissade. Pourtant, lorsqu’un organe ou une fonction donne
des signes de faiblesse, tout ce que l’on pourra faire pour le ramener à
l’équilibre sera d’autant plus efficace que les autres organes et fonctions iront
bien. Nous passons là dans le domaine de la thérapeutique, qui doit toujours se
faire avec l’accord du médecin traitant dans une synergie d’équilibre.