Depuis un peu plus d’un siècle, la science a adoubé la phytothérapie. Aujourd’hui, les chercheurs savent isoler les principes actifs des plantes médicinales ancestrales et déterminer leur efficacité. Dans la majorité des cas, leurs résultats ont confirmé l’usage traditionnel des plantes.
Cher lecteur, chère lectrice,
La médecine par les plantes est sans doute la plus vieille thérapeutique du monde ! Nous pouvons imaginer qu’elle est née il y a plusieurs millénaires, la première fois qu’un individu, au fond d’un abri de fortune, a eu l’idée de jeter une poignée de plantes dans un chaudron d’eau bouillante. Autant dire que l’origine de la phytothérapie se perd dans la nuit des temps.
Cette médecine s’est construite d’abord de manière empirique. Partout, de la forêt amazonienne aux zones désertiques d’Afrique australe, de la jungle sud-asiatique aux contrées glacées de Sibérie, les groupes sociaux ont mis au point leur propre médecine à partir de la végétation locale, en procédant par « essai-erreur » : on tente, on teste, on observe les résultats, on imagine, on rectifie, on affine…
Sommaire
Les plantes validées par la science
Depuis un peu plus d’un siècle, la science a rejoint l’aventure. Aujourd’hui, les chercheurs savent isoler les principes actifs des plantes médicinales et déterminer leur efficacité sur tel ou tel organe, sur tel ou tel trouble.
Ce qui est extraordinaire, c’est que dans la majorité des cas, les résultats de ces recherches ont confirmé l’usage traditionnel des plantes. Comme si nos très lointains ancêtres avaient entrevu ce qu’ils n’étaient pas encore aptes à comprendre vraiment.
De nos jours, la plupart des médicaments ont été mis au point en « copiant » des plantes médicinales. Une fois le principal principe actif isolé, les chercheurs se sont efforcés de le reproduire de manière à optimiser son efficacité.
C’est ce qui a permis, par exemple, de créer des médicaments sans danger à partir de plantes toxiques, comme la digitaline extraite de la digitale qui soigne certaines pathologies cardiaques (ces médicaments sont, bien sûr, distribués sur ordonnance).
Seulement voilà : au passage, des principes actifs secondaires présents dans la plante d’origine ont été mis de côté. Or, ces molécules ont une fonction dans la plante entière (les phytothérapeutes parlent du « totum » de la plante). Globalement, elles favorisent une meilleure tolérance et une diminution des effets secondaires.
De fait, la pharmacologie la plus récente et la phytothérapie la plus ancienne sont devenues complémentaires. Dans certaines situations, l’urgence est de soigner rapidement et efficacement, quitte à provoquer des effets secondaires par ailleurs bien connus et bien maîtrisés. C’est le rôle du médicament.
Mais dans d’autres cas, l’utilisation de plantes médicinales entières est plus indiquée. Pour certaines maladies chroniques, par exemple, il vaut mieux préserver le mode d’action du totum de manière à améliorer la tolérance à long terme.
Le cas emblématique de l’aspirine
Vous le voyez : il n’y a pas d’opposition frontale entre notre médecine classique et la phytothérapie. Elles peuvent même collaborer au sein du même traitement (voir ci-dessous l’interview du Dr Rougier).
Un exemple : le médicament le plus vendu dans le monde, l’aspirine, a été mise au point à partir de deux plantes médicinales, la reine-des-prés et l’écorce de saule, qui renferment des salicosides à l’effet antalgique et anti-inflammatoire.
L’aspirine agit plus rapidement qu’une infusion (la concentration en molécules actives est plus importante), mais elle peut entraîner des effets secondaires néfastes (brûlures d’estomac, ulcère, augmentation de la fluidité sanguine…). Ce n’est pas le cas avec les tisanes de saule ou de reine-des-prés.
Pour soulager les maux courants du quotidien (une infection respiratoire, une difficulté digestive, une douleur d’origine inflammatoire, une éruption cutanée…), les plantes médicinales sont donc tout à fait indiquées. Elles constituent même une base de la pharmacie familiale !
Les plantes médicinales : mode d’emploi
On trouve aujourd’hui sur les rayonnages des pharmacies et des parapharmacies de nombreux conditionnements qui permettent d’éviter la tisane : gélules d’extraits secs, ampoules d’extraits liquides… Cela permet de consommer plus facilement certaines plantes, mais ce n’est pas pour autant une voie royale.
Prenez l’artichaut, un grand draineur du foie. En phytothérapie, on utilise les feuilles séchées et non le bouton floral que l’on déguste d’habitude en vinaigrette. Or, ces feuilles sont terriblement amères au point qu’il est presque impossible de la boire sans avoir de haut-le-cœur. Le recours aux gélules de plantes sèches facilite donc la consommation de l’artichaut.
C’est également le cas avec les plantes médicinales que l’on ne trouve pas facilement en vrac, comme l’harpagophytum qui soulage les douleurs de l’arthrose. Ces plantes médicinales, issues d’une autre pharmacopée que la nôtre (l’harpagohytum appartient à la médecine traditionnelle africaine), sont plus faciles à consommer une fois conditionnées.
Nous avons choisi, aujourd’hui, de vous proposer une liste de plantes médicinales que l’on trouve facilement, à préparer vous-même en tisane. Ce « retour aux sources » a plusieurs raisons. D’abord, c’est le mode de préparation le plus proche de la plante elle-même, qui respecte le mieux ses composants.
Ensuite, la tisane en elle-même possède une dimension rituelle, surtout si vous la prenez de manière régulière. Une situation-type : les problèmes de sommeil. Si vous prenez chaque soir une tisane pour mieux dormir, votre cerveau « enregistrera » ce moment. Au bout de quelques jours, le simple fait de sortir votre théière et de mettre de l’eau à chauffer déclenchera un signal « tisane ». Votre corps se préparera à accueillir la plante et y réagira d’autant mieux.
Reste à savoir comment utiliser les plantes médicinales en vrac. D’abord, il est fortement recommandé de préparer vos tisanes avec des plantes séchées (elles sont d’ailleurs toujours vendues ainsi). Cela s’explique : dans la plante, les principes actifs sont enfermés à l’intérieur de petits compartiments dont les parois sont faites de cellulose. Lorsque vous préparez votre tisane avec une plante fraîche, la chaleur de l’eau ne suffit pas à briser la cellulose.
A l’inverse, lorsque vous utilisez une plante sèche, la cellulose est déjà fissurée par la dessiccation et toute l’efficacité de la plante passe dans l’eau. Plus tôt une plante est mise à sécher après la cueillette, plus elle conserve son efficacité. Pensez-y si vous désirez préparer votre tisane avec des plantes de votre jardin.
Selon la partie de la plante utilisée, une tisane se prépare en infusion (pour les feuilles, les inflorescences et les fleurs) ou en décoction (pour les branches et les racines). Plus la partie de la plante est épaisse et ligneuse, plus il faudra de temps pour en extraire les principes actifs. Voici donc les deux principales préparation de phytothérapie-maison :
Comment préparer une infusion ?
Il faut d’abord faire chauffer de l’eau. Puis, dès qu’elle frissonne (avant qu’elle ne boue), versez-la sur les plantes. Laissez infuser entre 3 et 5 minutes selon la plante (pas davantage afin d’éviter les tanins). Puis filtrez et buvez, de préférence nature. Certaines plantes médicinales à la saveur amère ou désagréable ont besoin d’être sucrées. Utilisez alors un peu de miel liquide ou de sirop d’agave.
Achetez plutôt vos plantes médicinales chez un herboriste chez un pharmacien spécialisé qui sauront vous conseiller. Ensuite, conservez-les dans une boite hermétique, à l’abri de la lumière et de la chaleur.
Petit bonus : après une infusion, vous pouvez récupérer les plantes mouillées pour en faire un cataplasme. On les pose sur une gaze stérile que l’on applique ensuite sur la peau pendant une demi-heure. C’est efficace pour les soins locaux, comme les douleurs articulaires ou les maux de tête, en association avec la tisane.
Comment préparer une décoction ?
Pour la décoction, les plantes médicinales doivent être placées dans l’eau froide. Elles sont souvent hachées, surtout s’il s’agit de branches ou de racines particulièrement fermes. Il suffit ensuite de faire chauffer le mélange. Une fois arrivé tout près de l’ébullition, baissez le feu et laissez frissonner un temps variable selon la plante : de quelques secondes à une heure. Plus la structure est ferme, plus le temps de cuisson est long. Ensuite, comme pour une infusion, il suffit de filtrer (immédiatement ou après quelques minutes) et de consommer, nature ou sucré avec un peu de miel ou de sirop d’agave.
Petit bonus : les plantes traitées en décoction sont davantage « vidées » de leurs principes actifs que celles préparées en infusion. Elles se prêtent donc moins bien aux cataplasmes. Mais la décoction elle-même peut être employée pour imbiber des compresses de gaze que l’on place sur la zone à traiter, au niveau des organes digestifs par exemple (foie, intestin…).
Les plantes médicinales de votre trousse phyto
Les plantes médicinales peuvent soulager un grand nombre de troubles. Leur sphère de prédilection : les maladies fonctionnelles courantes, comme les problèmes digestifs, les troubles du sommeil, les affections dermatologiques, les maladies liées au stress…
Voici une sélection de simples, facile à se procurer, que vous pouvez avoir toujours chez vous, pour le mieux-être de toute la famille. Ces plantes médicinales et le mode d’emploi indiqué correspondent à l’usage traditionnel pour un adulte (plus de 15 ans). Pour les enfants et les femmes enceintes ou allaitantes, demandez conseil à un médecin ou un pharmacien spécialisé.
Les plantes médicinales qui soulagent les douleurs
La reine-des-prés
Les phytothérapeutes la nomment souvent « reine-des-plantes » car elle est particulièrement efficace pour soulager les douleurs et calmer les inflammations locales. Comme l’écorce de saule, elle contient une substance qui a permis de synthétiser l’aspirine (de l’aldéhyde salicylique). Ces deux plantes médicinales peuvent être associées dans le même traitement. Soyez prudent si vous êtes allergique à l’aspirine, car des réactions peuvent se manifester même si elles sont rares. La reine-des-prés a aussi un effet diurétique, qui favorise l’élimination rénale des déchets. Un bon point lorsqu’une intoxination latente contribue à l’intensité des douleurs.
On utilise les sommités fleuries, à raison d’une demi-cuillerée à soupe pour un gros bol d’eau bouillante (25 cl environ). L’infusion est de 5 minutes. Vous pouvez boire deux ou trois bols par jour.
La grande camomille
Cette plante très courante ne doit pas être confondue avec les deux autres camomilles : la matricaire et la romaine. Ses fleurs se développent sur des tiges plus élevées, même si elles restent petites. Elle a une action anti-migraine confirmée par plusieurs études scientifiques. On l’attribue à plusieurs facteurs : elle réduit la contraction des vaisseaux qui irriguent le cerveau, diminuant ainsi la compression dans la boîte crânienne ; elle favorise la production des neurotransmetteurs qui freinent le message douloureux ; elle agit aussi sur les médiateurs inflammatoires, contribuant ainsi à faire baisser l’inflammation. La grande camomille est également antispasmodique, ce qui lui confère une efficacité certaine contre les douleurs de règles.
On utilise les parties aériennes (fleurs et feuilles), en infusion. Comptez une demi-cuillerée à soupe pour un gros bol d’eau bouillante (25 cl environ). Laissez infuser 3 minutes. Vous pouvez boire deux à trois bols par jour.
Pour apaiser le stress
La valériane
Déjà, au XVIIème siècle, la médecine traditionnelle prescrivait cette plante pour soigner les manifestations de l’anxiété extrême. A l’époque, on parlait d’hystérie ou de mélancolie. Aujourd’hui, on invoque plutôt le stress et l’angoisse diffuse. Il n’en reste pas moins que la valériane est très efficace sur le plan de l’apaisement nerveux, surtout lorsque vous vous sentez plongé dans un état de stress et d’anxiété permanent. Elle contribue aussi à améliorer le sommeil.
La valériane se prépare en décoction : comptez une cuillerée à soupe rase de racines séchées et découpées pour un demi-litre d’eau froide. Amenez à ébullition, laissez frissonner 3 mn, puis retirez du feu et faites infuser 5 mn. Filtrez et buvez deux bols par jour, après les principaux repas.
La saveur n’étant pas très agréable, vous pouvez la mélanger avec des plantes médicinales plus douce (mélisse ou menthe verte par exemple), ou la sucrer avec un peu de sucre de fleur de coco. La valériane est puissante. Si le fait d’en prendre dans la journée vous plonge dans une somnolence désagréable, prenez seulement un bol le soir, une heure après le dîner.
La passiflore
Originaire d’Amérique du sud, cette plante grimpante a été introduite en Europe au XVIIème siècle. Depuis, elle s’est assuré une belle présence dans les jardins comme sur les rayonnages des herboristeries. Sa jolie fleur blanche, dont le pistil violet évoque les clous qui immobilisèrent Jésus sur la croix, possède des vertus à la fois sédatives et apaisantes. La tension nerveuse n’y résiste pas. Mais elle agit en douceur, ce qui permet d’en prendre au cours de la journée sans risquer la moindre somnolence. Ce qui ne l’empêche pas de vous procurer une détente durable, d’autant que vous pouvez la consommer tous les jours sans aucun risque.
Elle se consomme en infusion. Comptez deux cuillerées à café rases pour un bol d’eau bouillante, et laissez infuser 5 mn avant de filtrer. Buvez deux bols par jour, le dernier juste avant le coucher si vous voulez passer une nuit paisible. Sucrez si besoin avec un peu de sucre de fleur de coco ou de sirop d’agave.
A trop fortes doses, elle peut provoquer des maux de tête chez les personnes très sensibles. Si cela vous arrive, diminuez simplement les doses (une seule cuillerée à café pour un bol).
Les plantes médicinales pour mieux dormir
La marjolaine
Cette petite plante aromatique, qui pousse dans le bassin méditerranéen, fait partie de la même famille que l’origan. Dans la Grèce antique, on plantait de la marjolaine sur les tombes pour que les esprits des défunts reposent en paix. Elle a la même fonction pour les vivants qui la consomment : elle apaise la tension nerveuse et son action légèrement hypnotique favorise directement le sommeil. En plus, elle améliore la digestion, ce qui ne gâte rien lorsque la tension nerveuse perturbe le fonctionnement du système digestif.
La marjolaine se consomme en infusion de sommités fleuries. Comptez 1 cuillerée à soupe (rase) pour un gros bol d’eau bouillante. Laissez infuser 5 mn, puis filtrez. Buvez chaud. La saveur est agréable et elle n’a pas besoin d’être sucrée.
Buvez un bol de tisane après le repas du soir et un autre juste avant de vous mettre au lit. L’effet est généralement rapide.
Le tilleul
Ce grand arbre majestueux diffuse son ombre apaisante sur les terrasses des vieux mas provençaux. Comme il est plutôt adaptable, on le trouve aussi dans d’autres régions de France, jusqu’aux plus nordiques. Et c’est sous tous les cieux que ses fleurs délivrent leur effet délicatement apaisant, antistress et légèrement hypnotique. Un triptyque idéal pour entretenir, tout en douceur, la qualité de vos nuits, grâce notamment à la présence d’hétérosides flavoniques et d’une huile essentielle.
Comptez une cuillerée à café rase pour un gros bol d’eau bouillante. Laissez infuser 4 à 5 mn avant de filtrer. Inutile de sucrer car sa saveur est assez agréable. Vous pouvez boire jusqu’à quatre bols par jour, dont deux le soir, l’une après le repas et l’autre au coucher.
Comme la camomille, le tilleul convient à tous les âges. Vous pouvez même en mettre dans le biberon des bébés qui ont du mal à trouver le sommeil parce qu’ils sont énervés. Dans ce cas, diminuez la dose de moitié.
Les plantes de la digestion
La mauve
Dans l’Antiquité, la mauve était considérée comme un aliment. De fait, vous pouvez consommer ses jolies fleurs mauves (c’est sa couleur qui lui donne son nom) qui égaient les salades d’été. Mais ce n’est pas le plus intéressant. La mauve contient des mucilages à l’effet adoucissant, ainsi que des flavonoïdes anti-oxydants. Elle exerce une action particulièrement intéressante au niveau de l’estomac (elle apaise les brûlures) et intestinal (elle soulage l’inflammation de la paroi et améliore le transit en douceur).
On utilise ses fleurs et ses feuilles en infusion. Comptez une demi-cuillerée à soupe pour un bol d’eau bouillante et laissez infuser 5 minutes avant de filtrer. Buvez deux ou trois bols par jour, à distance des repas.
Vous pouvez aussi préparer votre infusion pour la journée avec 2 cuillerées à soupe de plante pour 1 litre d’eau bouillante. Puis laissez infuser et filtrez. Conservez dans une bouteille et buvez par petites quantités tout au long de la journée.
La menthe
Difficile de trouver plante plus courante que la menthe : elle pousse comme une herbe folle dans tous les jardins ! Il en existe plus de 200 variétés qui, heureusement, ont toutes des propriétés très proches. Vous pouvez donc utiliser celle que vous avez sous la main. La plus courante est, tout de même, la menthe verte.
Cette plante médicinale améliore la production et l’évacuation de la bile dans le tube digestif. Elle a une action anti-inflammatoire et analgésique sur l’ensemble du tube digestif. En prime, son effet antispasmodique soulage les spasmes intestinaux.
Les feuilles de menthe séchées se préparent en infusion. Comptez une cuillerée à café de plante séchée pour un bol d’eau bouillante. Laissez infuser 3 minutes avant de filtrer. Buvez trois bols par jour, de préférence après les repas.
Pour entretenir la peau
La lavande
C’est une plante multifonctions, puisqu’elle est également apaisante et qu’elle aide à lutter contre le stress. Mais ce qui nous intéresse ici, c’est son action sur la peau. Elle apaise les rougeurs, améliore la régénération de la peau, active la cicatrisation, participe aux défenses cutanées (elle est antibactérienne et antifongique)… Vous pouvez la boire en tisane, mais aussi l’utiliser en compresses sur les zones irritées ou blessées. Les deux actions se complètent.
Pour préparer une infusion, contentez-vous d’une demi-cuillerée à café de fleurs séchées pour 15 cl d’eau bouillante (une tasse de taille moyenne). N’en abusez pas car son goût devient vite trop puissant pour être agréable. Laissez infuser 3 mn, puis filtrez et sucrez avec un peu de sirop d’agave. Buvez deux à trois tasses par jour.
Vous pouvez aussi employer l’infusion pour traiter les rougeurs et les irritations sur le visage (sur un coton), ou en compresses de plus grande taille que vous poserez sur le corps et que vous laisserez en place au moins 20 minutes. Pour cet usage local, utilisez une infusion plus concentrée : doublez la dose de plante (une cuillerée à café) et prolongez un peu le temps d’infusion (10 mn).
La bardane
La bardane est utilisée depuis l’Antiquité pour ses vertus antiseptiques et dépuratives. On sait mieux, aujourd’hui, ce qui lui vaut cette solide réputation. Sur le plan général, cette plante est diurétique et sudorifique. Elle augmente tout de même le volume des urines et accélère l’élimination rénale, ce qui décharge la peau d’une partie de son travail. En outre, et c’est le plus important, la bardane soulage aussi bien les dermatoses que les eczéma, les poussées d’acné, les dartres… Dès que votre peau manifeste de manière visible son mécontentement, faites une cure de bardane. Votre enveloppe sera purifiée de l’intérieur.
On utilise la racine de la plante, séchée. Pour un bol de tisane, comptez une cuillerée à soupe, coupée en petits morceaux. Faites bouillir 5 minutes puis laissez infuser 5 minutes supplémentaires. Filtrez et buvez trois bols par jour. Pour être vraiment efficace, cette plante doit se consommer en cure de 10 à 15 jours.
Pour apaiser les voies respiratoires
L’eucalyptus
Tout le monde connaît ce grand arbre majestueux, au tronc rougeâtre et aux feuilles argentées, qui affectionne particulièrement les régions méditerranéennes. En fait, il n’en existe pas moins de 700 espèces qui diffèrent par leur taille ou la couleur de leurs feuilles. Toutes ont pourtant des compositions proches et agissent sur le fonctionnement pulmonaire.
L’eucalyptus est un puissant antiseptique des voies respiratoires. Il soigne la toux et les bronchites. Il améliore l’expectoration, ce qui contribue à évacuer les sécrétions bronchiques en cas d’intoxination du tissu pulmonaire. En plus, l’eucalyptus fait tomber la fièvre. En phytothérapie, on utilise ses feuilles séchées, en infusion.
Les feuilles d’eucalyptus possèdent une saveur forte, mais plutôt agréable. Il faut compter 5 ou 6 feuilles pour un gros bol d’eau bouillante. Laissez infuser 5 à 6 minutes. En cas d’infection pulmonaire, buvez trois bols par jour, de préférence en dehors des repas. Vous pouvez aussi utiliser cette infusion concentrée en inhalation. (doublez la quantité de plantes).
Le thym
C’est un puissant antiseptique, très efficace par voie interne. Des études ont montré qu’un extrait hydroalcoolique de thym permet, in vitro, d’inhiber les bactéries qui affectionnent le tissu bronchique, grâce notamment à la présence de thymol et de carvacrol. Le thym est également antitussif et expectorant. Enfin, il a une action anti-inflammatoire très utile lorsque les bronches sont enflammées. Un soin complet.
Dans un gros bol d’eau bouillante, versez une demi-cuillerée à soupe de thym séché. Laissez infuser 5 min puis filtrez. Sucrez avec une cuillerée à soupe de miel, qui ajoutera son effet adoucissant à l’action anti-infectieuse de la plante. Buvez 3 à 4 bols par jour jusqu’à ce que les trouble s’apaisent. En plus, cette tisane drainera votre système digestif.
Pour une inhalation, doublez la dose de plante et le temps d’infusion.
Pour chasser la fatigue
L’éleuthérocoque
C’est un arbuste originaire d’Orient. Il a ensuite voyagé vers l’Ouest en passant par la Russie, où l’éleuthérocoque s’est implanté au cours du XXᵉ siècle. Depuis tout ce temps, on l’a consommé pour ses vertus stimulantes. Cette plante améliore la réaction face au stress et stimule nos capacités d’adaptation à l’environnement. Pour cela, elle régule la production des neurotransmetteurs cérébraux en favorisant ceux qui insufflent détente et apaisement (sérotonine, dopamine…). L’éleuthérocoque est également un stimulant physique et, mieux encore, immunitaire. Il vous permettra ainsi d’agir sur plusieurs tableaux à la fois.
On utilise sa racine en décoction. Comptez une cuillerée à café de racine séchée pour un gros bol d’eau froide. Amenez à ébullition et laissez frissonner 6 min. Filtrez et buvez un bol par jour, de préférence au cours de la matinée.
Le gingembre frais
En Asie, c’est une véritable plante médicinale. En Occident, on le considère plutôt comme une épice, et c’est dommage. Car le gingembre est un stimulant général du métabolisme. Il soutient le travail de tous les organes, notamment les émonctoires. Il a également des vertus directement digestives et tonifiantes. La médecine chinoise le prescrit aussi en cas de nausées. C’est vraiment une super-plante ! Une fois n’est pas coutume, il vaut mieux consommer le gingembre frais qui préserve mieux ses principes actifs stimulants.
Depuis quelques années, on trouve du gingembre frais dans les rayon fruits et légumes des supermarchés. Choisissez-le bien charnu et ferme, avec la peau lisse. Vous pouvez l’utiliser dans vos plats (cru et râpé, ou coupé en dés dans vos préparations cuites).
Vous pouvez aussi le consommer en jus (si vous avez une centrifugeuse ou un extracteur), ou en infusion. Comptez alors un tronçon de gingembre d’environ 5 cm pour préparer un litre d’infusion. Pelez-le et découpez-le en tranches fines. Plongez-le dans l’eau bouillante, laissez frissonner 5 minutes, puis retirez du feu et laissez infuser encore 5 minutes. Filtrez et buvez, en ajoutant éventuellement un jus de citron et un peu de miel (c’est délicieux !). Buvez le litre dans la journée, avant 17 h.
Pour détoxifier l’organisme
Le boldo
Cette plante est connue pour son action stimulante sur l’activité hépatique. Elle fait partie de toutes les préparations destinées à activer le fonctionnement du foie. Le boldo stimule globalement tout le système digestif. Au niveau rénal, il améliore l’élimination des déchets azotés. En plus, cette plante est légèrement calmante, ce qui ne gâte rien dans les moments de stress.
La forme plus efficace est l’infusion. Vous pouvez la préparer pour la journée : comptez 10 g de plante sèche (2 cuillerées à soupe rases) pour 1 litre d’eau bouillante, et laissez infuser 5 minutes. Filtrez et conservez. Buvez une grande tasse (chaude ou froide) avant les principaux repas. Elle est beaucoup moins efficace si vous la prenez après les repas
Les queues de cerises
Complément parfait du fruit lui-même, gorgé d’eau et de potassium, les pédoncules des cerises séchés constituent une tisane à l’effet diurétique bien connu. Ces « queues de cerise » ont, en plus, une action calmante sur les inflammations des voies urinaires. Cette tisane est particulièrement utile en période détox, lorsque des substances potentiellement irritantes circulent en grande quantité dans les reins, l’uretère, l’urètre et la vessie.
La tisane de queues de cerise se prépare en décoction. Il faut compter 5 cuillerées à soupe pour un litre d’eau froide. Faites bouillir pendant 5 minutes puis laissez infuser 10 minutes avant de filtrer. Vous aurez ainsi votre tisane pour la journée, que vous pourrez boire tiède ou froide, par petites quantités (une tasse), jusqu’en fin d‘après-midi.
Pour améliorer la circulation sanguine
L’hamamélis
On la nomme souvent « l’amie des femmes » ! L’hamamélis est une grande plante de la circulation sanguine « de retour ». Elle renforce les parois veineuses et elle freine les risques d’œdème. C’est donc une plante de choix pour toutes celles (et ceux) qui souffrent de jambes lourdes. Pour les mêmes raisons, elle contribue au soulagement des crises hémorroïdaires.
Pour préparer votre infusion, comptez une cuillerée à soupe rase de feuilles séchées pour un litre d’eau bouillante. Laissez infuser 5 minutes, puis filtrez. Buvez ce livre par petites quantités, au cours de la journée. Procédez par cures de trois semaines, à renouveler trois ou quatre fois par an. Vous pouvez aussi utiliser les feuilles mouillées pour faire des cataplasmes sur les jambes.
La vigne rouge
C’est la vigne de base, celle qui donne le raisin. Ses feuilles renferment de grandes quantités d’anthocyanes et de proanthocyanes. Ces substances renforcent les parois des vaisseaux capillaires qui conduisent le sang jusque dans nos tissus les plus périphériques. L’infusion de vigne rouge contribue ainsi à soulager les jambes lourdes et les crises hémorroïdaires.
Comptez deux cuillerées à soupe de feuilles séchées pour un litre d’eau bouillante. Laissez infuser 5 minutes, puis filtrez et conservez dans une bouteille. Buvez tout au long de la journée. Pensez aussi à imbiber des gazes que vous étalerez sur vos jambes. A laisser agir au moins 20 minutes.
Vous pouvez à présent préparer votre phyto-pharmacie familiale. Vous conserverez ainsi à portée de main les plantes qui vous intéressent le plus de manière à faire entrer un peu plus de nature dans votre santé !
Trois questions à Yann Rougier
La médecine par les plantes n’est-elle pas un peu vieillotte ?
Dr Yann Rougier : Pas du tout ! La phytothérapie conserve tout sa place dans notre pharmacopée. Les principes actifs des plantes médicinales exercent une action biologique directe sur l’organisme, au même titre que les médicaments allopathiques mais d’une manière plus douce et subtile. Elles sont mieux assimilées et mieux tolérées que leurs substituts chimiques. Les plantes médicinales sont des entités vivantes, contenant plusieurs centaines de molécules actives qui agissent en synergie. A l’intérieur d’une même plante, de nombreux principes actifs se mélangent et se potentialisent, donnant naissance à une véritable alchimie végétale impossible à dupliquer en laboratoire. En outre, la science a élargi la sphère d’action de nombreuses plantes. Prenez l’eucalyptus : on connaît depuis longtemps les molécules responsables de son action sur la sphère respiratoire, mais des recherches plus récentes ont révélé d’autres composants efficaces par exemple sur le diabète ou les douleurs rhumatismales. Médecine classique et phytothérapie sont donc complémentaires, et non opposées. Précisons aussi que l’on peut prendre des mélanges de plantes médicinales ayant le même but thérapeutique. Chacun de nous réagissant à sa manière aux principes actifs, le fait de prendre, ensemble, plusieurs plantes ayant la même cible thérapeutique, permet d’optimiser l’efficacité globale du traitement.
Les plantes médicinales peuvent-elles vraiment remplacer les médicaments ?
Dr Yann Rougier : Il ne s’agit pas de remplacer les médicaments, mais de dessiner le terrain d’action des unes et des autres. Les médicaments restent indispensables lorsqu’il s’agit d’agir rapidement, mais leur tolérance à long terme pose parfois des problèmes. Les plantes médicinales prennent alors le relais. D’autre part, certaines plantes agissent d’une manière différente des médicaments. Prenez les plantes adaptogènes, comme le ginseng. Elles améliorent globalement l’adaptation de l’organisme à des situations inhabituelles sur le plan physique et aussi, par répercussion, sur le plan psycho-émotionnel. Elles sont très utiles, par exemple, pour soigner les pathologies dues au stress. Ce type d’action échappe au médicament.
Qu’en est-il des maladies graves, comme le cancer. Les plantes medicinales ont-elles encore un rôle à jouer ?
Dr Yann Rougier : Même dans l’accompagnement des maladies graves, les plantes médicinales conservent un rôle de soutien. Elles ne soignent pas directement le cancer, le sida ou les formes graves de la covid-19, bien sûr ! Mais dans le cadre d’une prise en charge globale, elles permettent d’améliorer la tolérance des traitements médicamenteux parfois très violents. Elles aident à diminuer l’ampleur des effets secondaires que ces traitements provoquent. Et, surtout, elles permettent d’harmoniser globalement notre fonctionnement corporel afin que la récupération soit plus rapide après la fin des traitements. Les plantes médicinales ne sont pas réservées aux « petits bobos » ! Elles ont un rôle à jouer à tous les étages de la prise en charge médicale. Il ne faut pas leur demander plus qu’elles ne peuvent réaliser, mais il ne faut pas mépriser pour autant ce qu’elles peuvent apporter dans le traitement de toutes les maladies. A leur niveau et à leur manière !